Crédit et comportement des ménages français 2025
Emission : Fans du crédit
Animé par: Bruno ROULEAU
Invités: Flavien NEUVY
En 2025, la France vit un tournant économique majeur. Après deux années marquées par l’inflation, les ménages français repensent leur pouvoir d’achat, leur épargne et leur rapport au crédit, qu’il soit immobilier ou à la consommation. Cette recomposition des priorités, analysée par Flavien Neuvy Senior Economist chez BNP Paribas Personal Finance met en lumière un changement structurel du comportement économique des foyers français.
Fans du Crédit podcast coproduit avec la Fédération du courtage en crédit .
Un contexte post-inflation : les Français adaptent leur consommation
Les effets de la flambée des prix de 2023-2024 s’estompent, mais les réflexes de prudence demeurent.
Selon l’INSEE, l’année 2023 a marqué le pic de l’inflation, avec un impact durable sur le pouvoir d’achat des ménages.
Même si les salaires ont suivi une partie de la hausse des prix, le ressenti reste fragile : plus de 60 % des Français estiment que leur situation économique s’est détériorée.
“Les Français ne consomment plus par envie, mais par nécessité avec un besoin de contrôle et de sens dans leurs achats” explique Flavien NEUVY.
La priorité n’est plus à la consommation impulsive mais à l’arbitrage raisonné : alimentation, logement, mobilité et épargne deviennent les quatre piliers de la stratégie économique des ménages.
Le logement, pilier du pouvoir d’achat et moteur économique
Le logement concentre une double tension : émotionnelle et économique. Les taux de crédit immobilier ont renchéri le coût d’accès à la propriété, mais le rêve d’acheter reste intact. L’INSEE note qu’en 2025, près d’un ménage sur deux considère le logement comme son principal levier de pouvoir d’achat, notamment grâce à la valorisation du patrimoine et à la réduction des dépenses énergétiques via la rénovation.
Les ménages préfèrent désormais habiter mieux plutôt que habiter plus grand :
- priorité à la rénovation énergétique
- recherche de biens à haute performance énergétique
- projets en périphérie ou en zones moins chères
Ce recentrage influence directement les dynamiques du marché économique local, relançant certains territoires et favorisant les investissements responsables.
Le crédit immobilier demeure un pilier des projets familiaux, mais il évolue :
- les durées s’allongent
- les apports augmentent
- la recherche de solutions alternatives (crédit relais, PTZ, prêts mixtes) s’intensifie
Cependant, en parallèle de l’immobilier un autre levier se redéploie : le crédit à la consommation.
Crédit à la consommation : l’équilibre entre prudence et reprise
En 2025, le crédit à la consommation retrouve une place stratégique dans la vie économique des Français. Il ne symbolise plus la surconsommation, mais devient un outil d’équilibre financier et de gestion du pouvoir d’achat.
Les ménages s’en servent pour :
- lisser leurs dépenses (voiture, équipement, travaux, études),
- absorber des hausses ponctuelles de coûts
Un crédit plus maîtrisé
Selon l’Observatoire Cetelem, 30 % des Français envisagent un crédit à la consommation en 2025. Mais contrairement aux années 2010, l’objectif n’est plus d’acheter plus mais de maintenir son niveau de vie malgré la pression sur le pouvoir d’achat.
Ce mouvement témoigne d’une maturité économique : les ménages s’endettent pour lisser leurs dépenses, non pour s’exposer à un risque.
Etude Conso 2025 Observatoire Cetelem
Une consommation plus responsable, mais pas renfermée
Les ménages français ne se ferment pas à la consommation, ils la transforment. L’essor du marché de la seconde main, des circuits courts et des services mutualisés illustre une logique de “consommer utile”.
Cette tendance influence directement les acteurs de l’immobilier : les acheteurs privilégient les biens durables, les rénovations sobres, et la réduction des coûts liés à l’énergie. Le pouvoir d’achat immobilier devient une notion élargie, ce n’est plus seulement la capacité à acheter, mais à vivre durablement sans déséquilibre économique.
Crédit et épargne : deux leviers d’un modèle économique en mutation
L’INSEE confirme que le taux d’épargne reste historiquement élevé en 2025, autour de 17 %. Autre phénomène marquant: la montée en puissance de l’épargne de précaution. Les Français ont accumulé près de 200 milliards d’euros supplémentaires d’épargne depuis 2020 (source : INSEE). Cet argent dort souvent sur des livrets peu rémunérateurs, mais il traduit un besoin de sécurité psychologique. Les ménages arbitrent désormais entre crédit souple et épargne de repli, selon leurs projets.
“L’épargne devient un acte citoyen et réfléchi”, observe Flavien Neuvy. Elle n’oppose plus la consommation au crédit, mais les relie dans une logique d’équilibre économique global.
Le crédit immobilier reste un moteur d’investissement, tandis que le crédit conso joue le rôle d’amortisseur social. Ensemble, ils structurent un nouveau modèle économique où la confiance se reconstruit lentement, mais sûrement.
Entre France et Europe : des comportements contrastés
Les études de BNP Paribas Personal Finance montrent que la France se distingue par son attachement à la propriété et à la gestion prudente de son épargne. Là où d’autres pays européens consomment à crédit, les Français privilégient encore la stabilité et le contrôle de leur pouvoir d’achat.
Crédit, consommation, immobilier : un trio à réinventer
Pour les professionnels du crédit et de l’immobilier, ces tendances dessinent un nouveau paysage.
Les courtiers doivent désormais :
- accompagner les ménages sur l’ensemble de leur parcours financier
- proposer des solutions hybrides mêlant crédit immobilier et crédit conso
- intégrer les enjeux environnementaux et sociétaux dans leur conseil
Le consommateur d’aujourd’hui ne cherche plus seulement un taux bas : il veut un partenaire de confiance, capable de comprendre ses projets dans leur globalité.
“Derrière chaque taux, il y a une histoire de vie”, rappelle Bruno Rouleau.
Et c’est bien là toute la valeur du métier.