MaybeatHome : et si on testait sa future maison comme on essaie une paire de mocassins ?
Il fut un temps – pas si lointain – où acheter un logement relevait de l’acte de foi, un saut dans l’inconnu après 23 minutes de visite, montre en main, coincé entre le canapé du propriétaire et un enfant qui joue du xylophone dans la cuisine. Mais ce temps-là pourrait bien tirer sa révérence grâce à une idée aussi simple qu’élégante, née sous le chapeau d’un certain Fabrice Nicolaïdes.
Son entreprise, au nom aussi évocateur qu’un roman de Fitzgerald — MaybeatHome — propose ni plus ni moins qu’un bouleversement dans le monde feutré de l’immobilier : faire un essai. Oui, comme pour une décapotable ou une machine à espresso. Avant de signer à vie, on essaie. Et si le carrelage vous parle et que la lumière du matin vous sourit, alors peut-être — just maybe — vous êtes chez vous.
Le test du canapé et des cloisons
Le principe est enfantin : vous visitez, vous hésitez, vous testez. Grâce à une location ultra-courte (quelques jours, pas plus), les futurs acquéreurs peuvent vivre dans le bien convoité, ouvrir les placards, écouter les voisins, jauger la chaudière. L’idée est de dissiper les doutes comme on chasse les courants d’air : en laissant les fenêtres ouvertes à la réalité.
Et pour rassurer tout ce petit monde ? Tout est sous contrôle. Assurance pour les propriétaires, ameublement provisoire si le logement est nu (grâce à des accords avec IKEA ou Roche Bobois, rien que ça), nettoyage nickel chrome, et même relogement des propriétaires dans des hôtels partenaires. L’acquéreur teste ; le propriétaire, lui, prend des vacances.
Une mécanique bien huilée
MaybeatHome ne s’adresse pas au tout-venant, mais aux professionnels de la pierre : agents immobiliers, promoteurs, mandataires. Elle ne traite pas directement avec les propriétaires mais propose un service clé en main aux pros, leur permettant de séduire leurs clients avec cette approche rassurante.
Et rassurés, ils le sont : sur 118 contrats de test réalisés, 98 se sont conclus par une offre. Soit un taux de réussite digne d’un tireur d’élite (87 % de satisfaction). Les clients convaincus se transforment alors en ambassadeurs enthousiastes, comme s’ils venaient de découvrir le secret du bonheur domestique.
Un mouvement international
Ce qui pourrait passer pour une lubie de start-up parisienne a déjà des échos outre-Manche et outre-Atlantique. The Guardian et le New York Post rapportent l’émergence de cette demande d’essai immobilier. Il faut dire que le parallèle est tentant : on essaie une voiture, un matelas, une poussette… pourquoi pas un appartement ?
Peut-être que demain, acheter sans essayer semblera aussi étrange que commander un parfum sans jamais l’avoir senti.
Une petite révolution tranquille
Dans un marché immobilier souvent crispé comme un agent de change un jour de crise, MaybeatHome vient mettre un peu d’huile dans les rouages. L’idée n’est pas de vendre du rêve, mais de permettre aux acheteurs de s’y projeter. De s’installer un instant, de prendre un café dans la cuisine, d’écouter les bruits du matin. Et de se demander : « Et si c’était ici, ma vie ? »
Comme quoi, parfois, il suffit d’un « maybe » pour trouver enfin son « chez soi ».